Les expériences des fruits de la résilience


Pour valoriser nos retours d’expérience sur la greffe et la mise en place de vergers résilients, que ce soit à travers notre propre pratique ou les témoignages de particuliers rencontrés principalement dans le milieu associatif, nous avons décidé de reproduire ces expériences de manière rigoureuse. Notre objectif est de proposer les résultats à une plus grande échelle.


Essai A : Comparaison de porte-greffes (PG)

Ce que nous savons :

Les arbres sauvages greffés sont plus résilients, notamment face aux vagues de sécheresse que nous avons connues ces dernières années. Ces arbres sont comparés avec des itinéraires classiques d’arbres fruitiers issus de pépinières.

Plusieurs hypothèses peuvent expliquer ce phénomène :

  1. Le choix du porte-greffe : Les fruitiers sauvages, poussant spontanément dans nos campagnes, sont adaptés à nos conditions pédoclimatiques. Les utiliser comme porte-greffe pourrait conférer cette résistance à l’arbre final.
  2. L’enracinement des arbres spontanés : Les arbres sauvages ayant poussé depuis un pépin directement à l’endroit où ils se trouvent pourraient bénéficier d’un meilleur enracinement.
  3. Un ensemble de facteurs favorables : Il est possible que les arbres sauvages que nous trouvons dans nos friches soient une sélection naturelle des fruitiers sauvages ayant poussé spontanément. Seuls ceux bénéficiant de conditions exceptionnellement favorables se développent suffisamment bien pour porter nos greffons.

Avec l’aide du GRAB (Groupement de Recherche en Agriculture Biologique), nous avons établi plusieurs protocoles pour répondre à ces questions.

Essai A : Comparaison de porte-greffes (PG)

Objectif : Évaluer la résilience des plants en fonction des porte-greffes et de l’itinéraire technique de leur production, que ce soit en pépinière ou directement en verger.

Itinéraires comparés :

  • 0 Transplantation (0T) : Semis des pépins directement en verger puis greffage en 2e année.
  • 1 Transplantation (1T) : Semis en terre en pépinière, greffage en pépinière la 2e année, puis plantation en verger des plants greffés de 2 ans.
  • 2 Transplantations (2T) : Semis serrés en terre, puis plantation plus aérée en ligne en pépinière, greffage en été de la 2e année, et enfin plantation en verger des plants greffés de 2 ans (référence classique).

Seront également comparés un ou plusieurs porte-greffes locaux contre des porte-greffes classiques trouvés en pépinière.

Essai B : Période de greffage sur PG

Après plusieurs essais, nous avons constaté que le fait de greffer le porte-greffe après une ou plusieurs saisons donne de bons résultats. Nous pensons confirmer cela dans l’essai A. Cependant, nous pensons aussi qu’il ne faut pas greffer l’arbre trop tôt. Attendre quelques années avant la greffe pourrait même être avantageux. Par ailleurs, nous nous interrogeons sur l’impact des variétés à forte vigueur, qui pourraient permettre une croissance plus rapide des arbres à développement lent. C’est ce que nous voulons tester dans l’essai B.

Essai B : Période de greffage sur PG

Objectif : Selon la vigueur des variétés, la date de greffage sur le porte-greffe pourrait induire des développements différents des arbres, notamment en termes de volume et de rapidité d’entrée en production.

Ici, nous présentons un essai avec Pyrus spinosa comme porte-greffe, mais ces essais pourraient être réalisés avec d’autres essences fruitières.

Matériel végétal et méthode :

  • Porte-greffe : Pyrus spinosa (poirier à feuilles d’amandier) après 1 an en pépinière.
  • 2 Variétés :
    • Variété de faible vigueur : Angélica ou un clone de Saint Jean (autres possibles : Harrow sweet, Beurré Clairgeau, Guyot).
    • Variété de forte vigueur : Poire Curée ou Poire “Croquante” (autres possibles : Poire à Clément, Beurré Hardy).

Dates de greffage selon l’âge du PG : après 1 an, 2 ans ou 4 ans (ou 1, 3, 5 ans à choisir).

6 Modalités :

  • A1 Var 1 / PG spinosa : greffage la 1ère année de la variété 1 sur P. spinosa.
  • A2 Var 1 / PG spinosa : greffage la 2e année de la variété 1 sur P. spinosa.
  • A4 Var 1 / PG spinosa : greffage la 4e année de la variété 1 sur P. spinosa.
  • A1 Var 2 / PG spinosa : greffage la 1ère année de la variété 2 sur P. spinosa.
  • A2 Var 2 / PG spinosa : greffage la 2e année de la variété 2 sur P. spinosa.
  • A4 Var 2 / PG spinosa : greffage la 4e année de la variété 2 sur P. spinosa.


Essai C : Induction de caractère(s) d’une variété à une autre

Une dernière hypothèse que nous souhaiterions tester à travers les expériences des fruits de la résilience est de savoir si la greffe d’une variété résistante à certaines maladies sur une partie d’un arbre pourrait conférer une résistance à l’ensemble de l’arbre.

Essai C : Induction de caractère(s) d’une variété à une autre

Objectif : Évaluer si une variété non sensible à la tavelure, greffée comme intermédiaire ou sur une des charpentières, peut induire une moindre sensibilité à la tavelure de la variété sensible cultivée.

Ici, nous présentons un essai avec Pyrus spinosa comme porte-greffe, mais ces essais pourraient être réalisés avec d’autres essences fruitières.

Matériel végétal et méthode :

  • Porte-greffe : Pyrus spinosa semé en pépinière puis greffé en pépinière.
  • Variétés :
    • Poire Clément comme variété peu sensible à la tavelure.
    • William comme variété sensible à la tavelure.

Détail sur le greffage :

  • PG spinosa greffé avec l’intermédiaire Poire Clément (conservant un rameau), puis greffage sur cet intermédiaire de la variété cultivée : William.

2 Modalités :

  • Poire William / PG spinosa.
  • Poire William / Poire Clément (intermédiaire avec rameau) / PG spinosa.